Fauteuil d'apparat d'époque Consulat livré pour Lucien Bonaparte
Par Jacob Frères, Paris vers 1802

Fauteuil d’apparat livré pour Lucien Bonaparte a l’hotel de Brienne
Bois sculpté et doré
Attribué à Jacob Frères
Paris vers 1802-1803
Hauteur : 99 cm / Largeur : 71cm / Profondeur : 72,5 cm
La traverse arrière marquée Lucien n°2 et le châssis de l’assise avec une étiquette de livraison illisible ou se devine « Grand salon … »
Provenance :
Livré vers 1802 pour Lucien Bonaparte (1775-1840), frère de Napoléon, à l’hôtel de Brienne
Collection du prince et la princesse de Canino à Rome
Collection privée française
Bibliographie :
Jean-Pierre SAMOYAULT, "Mobilier français Consulat et Empire", Ed. Gourcuff, Paris, 2009, p. 50.
Jean-Pierre SAMOYAULT, "l’Hotel de Brienne, résidence de Lucien de 1801 à 1804", in Lucien Bonaparte, un homme libre, catalogue exposition sous la direction de Maria Teresa Caracciolo, Ajaccio, 2010
Jean-Pierre SAMOYAULT, “Les Bonaparte à Brienne“, in L’hôtel de Brienne, pp.71 à 107, Paris Ed. Ministère de la Défense, Paris, 2012
Important fauteuil de représentation d’époque Consulat en bois sculpté et doré. Le dossier à flasques est à profil renversé, les supports d’accotoirs sont en forme de chimères à tête de lion ailée dont le corps se termine par une corne en enroulement, les pieds avant sont sculptés en jarret de lion et les pieds arrière en sabres. Assise à châssis.
Ce fauteuil, au dessin puissant et singulier, a fait partie d’un important mobilier d’apparat livré entre 1801 et 1803 pour l’hôtel de Brienne, résidence parisienne de Lucien Bonaparte, frère cadet de Napoléon. Huit fauteuils de ce modèle sont toujours conservés à Brienne, tels qu’ils furent inventoriés, dans le grand salon central de l’hôtel donnant sur les jardins, dans un mémoire de restauration en 1814, puis dans un second inventaire en 1817 au moment où l’hôtel de Brienne fut affecté au ministère de la Guerre[1].
Contexte de la commande
De retour de son ambassade en Espagne en 1801, Lucien, à la tête d’une confortable fortune acquise auprès du roi d’Espagne et de son premier ministre Godoy, loue puis achète en 1802 l’hôtel de Brienne situé rue Saint-Dominique. Dès lors, il entreprend une vaste campagne de travaux, terminée en 1803, selon le témoignage du compositeur allemand Johan Friedrich Reichardt, qui décrit à l’issue de la visite qu’il en effectue : des aménagements « du dernier fini » [2].
Attribution à Jacob Frères (1796-1803)
Malgré l’absence d’estampille sur les différentes pièces de ce mobilier et malgré l’absence d’archives conservées à l’hôtel de Brienne, la qualité d’exécution et la parenté stylistique avec d’autres créations de l’atelier des Jacob Frères permettent de leur attribuer la paternité de ce mobilier aux lions ailés. La datation des travaux de l’hôtel, qui coïncident avec la période d’activité de Jacob Frères (1796-1803) plaide également en faveur de cette attribution.
Les chimères ailées terminées par une queue en enroulement, rappellent en effet celles présentent de nombreux autres fauteuils estampillés Jacob Frères[3], et le gabari de notre fauteuil est assez similaire à celui d’autres sièges en bois doré de Jacob Frères, notamment ceux livrés pour le palais du Directoire exécutif autour de 1800[4]. Jacob Frères étant la société fondée de 1796 à 1803 par les deux fils du célèbre menuisier Georges Jacob (1739-1814) : Georges II Jacob (1768-1803) et son frère François Honoré Georges Jacob Desmalter (1770-1841).
D’après un dessin de Charles Percier
Le dessin de ce fauteuil, imprégné de citations antiques, peut être attribué à Charles Percier, l’un des principaux prescripteurs, avec son associé Léonard Fontaine, pour les arts décoratifs en France entre 1790 et 1810. Plusieurs de ses ornements dérives de croquis et relevés effectués par Percier à Rome entre 1786 et 1791, alors qu’il est pensionnaire de l’Académie de France, comme lauréat du Grand Prix de Rome d’architecture. Le profil des têtes de lion reprend fidèlement un relevé de Percier exécutés d’après un piétement antique en marbre conservé au Vatican. Ce motif se retrouve sur des sièges en hémicycle réalisés par Georges Jacob dans les années 1790 ainsi que par l’atelier Jacob Frères. Les chimères ailées formant les accotoirs procèdent également des carnets romains de Percier : croquis au palazzo Barberini, relevés au Vatican et dessin d’un siège antique conservé à Saint-Pierre-aux-Liens. Ces feuilles, aujourd’hui conservées à la bibliothèque de l’Institut de France, illustrent les recherches iconographiques menées par Percier lors de son séjour romain et comment ces ornements directement issus d’un répertoire antique, nourrissent les projets destinés aux ateliers parisiens dès la fin du XVIIIe siècle et pendant le Consulat. Ces matériaux romains sont aussi à la base des premières grandes publications de Percier et Fontaine : Palais, maisons et autres édifices modernes, dessinés à Rome (Paris, an VI/1798), Choix des plus célèbres maisons de plaisance de Rome et de ses environs (1809), puis le Recueil de décorations intérieures (1801–1812).
L’exil de Lucien Bonaparte et la circulation de ce mobilier
Membre du Tribunat, où il défend le Concordat conclu avec Pie VII (1801) et fait adopter le projet de loi qui créait l’ordre de la Légion d’Honneur (1802), Sénateur (1802), membre de l’Institut (1803), Lucien Bonaparte est appelé à être l’hôte de réceptions officielles à Brienne. Mais à la fin de l’année 1803, Lucien se brouille avec son frère Napoléon, quand le Premier Consul apprend son mariage secret avec son ancienne maîtresse Alexandrine de Bleschamps et son refus de la quitter[5]. Lucien et sa famille sont exilés à Rome en avril 1804[6] et privés des honneurs et des cérémonies du couronnement[7]. Madame Mère, lui rachète l’hôtel de Bienne et une partie de son contenu pour 600.000 francs, et en prend possession le 19 décembre 1804[8].
Lucien a fait transporter à Rome, où il arrive le 6 mai 1804[9], une grande partie de sa collection de tableaux et certains des meubles commandés pour Brienne. Notre fauteuil appartient très probablement à cette partie du mobilier qui a suivi Lucien Bonaparte et sa famille en Italie. La présence d’une partie de ce mobilier aux lions ailés pendant l’exil romain de Lucien est attestée par le magnifique dessin d’Ingres[10]réalisé en 1815 au palais Nuñez de la via Condotti, résidence romaine de la famille de Lucien, représentant la princesse de Canino entourée de ses enfants, assise sur un fauteuil identique au notre. Notre fauteuil porte, sur la traverse arrière, une inscription « Fauteuil Lucien N°2 » ce qui sous-entend à minima que ce fauteuil, à l’époque, était en paire avec un fauteuil N°1[11].
À son arrivée à Rome, Lucien est l’hôte de son oncle le cardinal Fesch, au palazzo Lancellotti, puis avec le produit de la vente de l’hôtel de Brienne, il achète le palazzo Nunez, dans lequel il déploie ses collections. Le catalogue rédigé en 1808 par Guattani révèle l’existence de 130 tableaux disposés dans quinze salles[12].
Il acquiert également la villa Ruffinella a Frascati en 1804, puis en 1808 il acquiert de la chambre apostolique les huit mille hectares du fief de Canino. Il entretient des relations étroites avec le Saint-Siège mais sa situation est fragilisée au moment de l’occupation française de Rome puis de l’annexion de l’état pontifical par l’Empire français, en mai 1809, suivie de la déportation de Pie VII en France. Napoléon intime à Lucien l’ordre de divorcer de sa femme ou de s’exiler aux Etats-Unis et le menace d’arrestation.
Contraint de s’embarquer depuis Citavecchia en 1810, il est capturé par les Anglais au large de la Sardaigne, et assigné à résidence en Angleterre jusqu’à la chute de l’empire au printemps 1814. Grâce à l’appui de Pie VII il est autorisé à rentrer à Rome, où il est fait prince de Canino par une bulle pontificale d’août 1814.
Brièvement rallié à son frère pendant les 100 jours, il est arrêté par les Autrichiens en 1815 puis assigné à résidence à Rome. C’est l’époque ou de lourdes difficultés financières le contraignent à réduire son train de vie et à se retirer dans ses possessions de Viterbe, Canino et Musignano. Il vend une partie de sa collection de tableaux à Londres en 1815[13], cède le palazzo Nunez à son frère Jerôme Bonaparte et vend en 1820 sa villa Ruffinella de Frascati à une princesse de la Maison de Savoie. En 1824, Leon XII lui octroi le titre romain de prince de Musignano, et Grégoire XVI celui de prince Bonaparte (1837). Il meurt à Viterbe le 29 juin 1840. La princesse de Canino lui survit 15 ans et meurt en 1855 a Sinigaglia lors de l’épidémie de cholera.
Conclusion
Le parcours de ce fauteuil illustre le destin mouvementé de Lucien Bonaparte, figure emblématique du Consulat, et de son mobilier, entre Paris et Rome. Pièce maîtresse de la mise en scène d’un pouvoir en devenir, il témoigne de l’ascension et de la disgrâce du frère de l’Empereur. Le style puissant de ce siège – où se mêlent la rigueur consulaire et la fantaisie des chimères ailées – incarne l’art du décor d’apparat au tournant de l’Empire. Il porte aussi en creux les fractures familiales et les ambitions contrariées qui ponctuèrent la trajectoire de Lucien Bonaparte. Passé des salons parisiens aux palais romains, ce fauteuil fut un témoin du destin de l’un des personnages les plus romanesques de la fratrie impériale.
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Notes
[1] Deux grands canapés de six pieds, quatre causeuses, huit grands fauteuils meublants, et douze chaises, sont mentionnés dans le salon central en 1814 dans un devis de restauration, au moment où le ministère de la guerre investi les lieux. (Samoyault, cat. Exp. Ajaccio, 2010, page 85 note 16). Ce mobilier demeure aujourd’hui sur place dans un nombre inchangé.
[2] Une lettre du compositeur allemand Frederic Reichardt, du 1er avril 1803, relatant sa visite de l’hôtel de Brienne, témoigne que les travaux de distribution et de décoration commandés par Lucien Bonaparte sont achevés, pour la somme extravagante d’un million de livres. Reichardt ed. 2003 pp 489-490.
[3] Fauteuil conservé au Mobilier National, reproduit in Denise Ledoux Lebard, Le Mobilier français du XIXe siècle, p. 315. Voir également Daguerre, Drouot Richelieu le 29 janvier 2020, lot 189.
[4] Mobilier National, GME-1674-000, reproduit in SAMOYAULT (Jean-Pierre), "Mobilier français Consulat et Empire", Paris, 2009, p. 50.
[5] Le Premier Consul avait espéré pour son frère Lucien une union avec l’infante d’Espagne Marie Louise de Bourbon (1782-1824), fille du roi Charles IV et de Marie Louise de Bourbon Parme, veuve depuis mai 1803 de Louis Ier, premier souverain de l’éphémère royaume d’Étrurie (1801-1807) dont la capitale était à Florence.
[6] Lettre du Premier Consul au pape Pie VII, le 13 mars 1804 : « Très Saint Père, le sénateur Lucien Bonaparte, mon frère, désire séjourner à Rome pour se livrer à l’étude des antiques et de l’histoire. Je prie Votre Sainteté de l’accueillir avec cette bonté qui lui est toute particulière, et de croire au désir que j’ai de lui être agréable. » In Napoléon Bonaparte. Correspondance générale, t. IV, 2007, no 8733
[7] 2 décembre 1804
[8] Lettre du cardinal Fesh au Premier Consul du 20 novembre 1804 : « […] ma sœur a quitté Rome le 14 novembre pour se rendre à Paris, où elle occupera l’hôtel de Lucien. » Lung, Lucien Bonaparte et ses Mémoires, Paris, 1882-1883, t. III, p. 7, note 2
[9] Lettre du cardinal Fesh au Premier Consul du 6 mai 1804 annonçant l’arrivée de Lucien à Rome, alors que sa femme et ses enfants sont à Bassano, dans une propriété qu’il a loué pour l’été. Du Casse (A.), Histoire des négociations diplomatiques relatives aux traités de Mortfontaine, de Lunéville et d’Amiens, 1855, t. I, p. 35-36
[10] Fogg Art Museum, Harvard, inv. 1943.837
[11] On identifie un autre fauteuil de ce modèle vendu en 2012, parvenu jusqu’à nous dans un état assez dégradé et ayant subi quelques modification (ajout notamment de roulettes sous les pieds). Sotheby’s Paris, le 20 avril 2012 PF1201, lot n°177
[12] Guisepe Antonio Guattani (1748-1830), Galleria del senatore Luciano Bonaparte, Roma 1808
[13] Splendid collection of pictures belonging to Prince Lucien Buonaparte, exhibited for sale at the New Gallery in Pall Mall … London 6 février 1815 et jours suivants. 198 numéros de lots
A Ceremonial Armchair Delivered for Lucien Bonaparte at the Hôtel de Brienne
Carved and gilded wood
Attributed to Jacob Frères
Paris, circa 1802–1803
Height: 38.9 in (99 cm) / Width: 28 in (71cm) / Depth: 28.5 in (72,5 cm)
The rear crosspiece is inscribed Lucien no. 2, and the seat frame bears a partially illegible delivery label, where the words "Grand salon…" can be faintly deciphered.
Provenance:
Supplied circa 1802 for Lucien Bonaparte (1775–1840), brother of Napoleon, at the Hôtel de Brienne
Collection of the Prince and Princess of Canino, Rome
Private French collection
Bibliography:
Jean-Pierre Samoyault, Mobilier français Consulat et Empire, Gourcuff, Paris, 2009, p. 50.
Jean-Pierre Samoyault, “L’Hôtel de Brienne, résidence de Lucien de 1801 à 1804,” in Lucien Bonaparte, un homme libre, exhibition catalogue, ed. Maria Teresa Caracciolo, Ajaccio, 2010.
Jean-Pierre Samoyault, “Les Bonaparte à Brienne,” in L’Hôtel de Brienne, pp. 71–107, Ministère de la Défense, Paris, 2012.
An important ceremonial armchair from the Consulate period, carved and gilded wood. The shield-shaped backrest has an inverted profile, the armrest supports take the form of chimeras with winged lion heads whose bodies end in a coiled horn, the front legs are carved as lion haunches, and the rear legs are sabre-shaped. Seat on a removable frame.
This armchair, of powerful and singular design, was part of an important ceremonial furniture ensemble delivered between 1801 and 1803 for the Hôtel de Brienne, the Parisian residence of Lucien Bonaparte, younger brother of Napoleon. Eight armchairs of this model remain at Brienne, as they were inventoried in the central grand salon of the Hôtel overlooking the gardens, first in a restoration report of 1814, then again in a second inventory of 1817 when the Hôtel de Brienne was assigned to the Ministry of War[1].
Context of the commission
Upon his return from his ambassadorship in Spain in 1801, Lucien, having amassed a considerable fortune from the King of Spain and his prime minister Godoy, first rented then purchased the Hôtel de Brienne on rue Saint-Dominique in 1802. He immediately launched a vast renovation campaign, completed in 1803, as attested by the German composer Johann Friedrich Reichardt, who described the arrangements after his visit as “of the highest refinement”[2].
Attribution to Jacob Frères (1796–1803)
Despite the absence of a stamp on the various pieces of this ensemble and the lack of surviving archives from the Hôtel de Brienne, the quality of execution and stylistic kinship with other creations of the Jacob Frères workshop support attribution to them. The dating of the renovations, coinciding with the active period of Jacob Frères (1796–1803), also argues in favor of this attribution.
The winged chimeras ending in a coiled tail recall those on numerous stamped Jacob Frères armchairs[3]. The dimensions of this armchair also closely resemble other giltwood seats by Jacob Frères, notably those supplied around 1800 for the Executive Directory palace[4]. Jacob Frères was the firm founded in 1796 by Georges Jacob’s two sons, Georges II Jacob (1768–1803) and François Honoré Georges Jacob-Desmalter (1770–1841).
After a design by Charles Percier
The design of this armchair, steeped in antique references, can be attributed to Charles Percier, one of the principal arbiters of decorative arts in France between 1790 and 1810, alongside his associate Léonard Fontaine. Several of its ornaments derive from sketches and studies made by Percier in Rome between 1786 and 1791, while he was a pensionnaire at the French Academy after winning the Grand Prix de Rome in architecture. The lion head profiles faithfully reproduce a drawing by Percier after an antique marble base in the Vatican. This motif also appears on semicircular seats made by Georges Jacob in the 1790s and by the Jacob Frères workshop. The winged chimera armrests also derive from Percier’s Roman sketchbooks: drawings at the Palazzo Barberini, studies at the Vatican, and a drawing of an antique seat preserved at San Pietro in Vincoli. These sheets, now at the Bibliothèque de l’Institut de France, show how Percier’s Roman iconographic research directly fed the repertory of ornaments applied in Parisian workshops at the end of the 18th century and during the Consulate. They also informed Percier and Fontaine’s first major publications: Palais, maisons et autres édifices modernes, dessinés à Rome (Paris, 1798), Choix des plus célèbres maisons de plaisance de Rome et de ses environs (1809), and the Recueil de décorations intérieures (1801–1812).
Lucien Bonaparte’s exile and the circulation of this furniture
A member of the Tribunate, where he defended the Concordat with Pope Pius VII (1801) and secured the passage of the law establishing the Legion of Honour (1802), Senator (1802), and member of the Institut (1803), Lucien Bonaparte was destined to host official receptions at Brienne. But at the end of 1803, Lucien quarreled with his brother Napoleon, when the First Consul learned of his secret marriage to his former mistress Alexandrine de Bleschamps and his refusal to abandon her[5]. Lucien and his family were exiled to Rome in April 1804[6] and excluded from the honours and ceremonies of the coronation[7]. “Madame Mère” repurchased the Hôtel de Brienne and part of its contents for 600,000 francs, taking possession on December 19, 1804[8].
Lucien had a large part of his painting collection, along with some of the furniture commissioned for Brienne, transported to Rome, where he arrived on 6 May 1804[9]. This armchair very likely belonged to that portion of the furnishings that followed him and his family to Italy. The presence of this winged-lion furniture during Lucien’s Roman exile is attested by Ingres’s drawing[10] of 1815 at the Palazzo Nuñez on the Via Condotti, depicting the Princess of Canino, surrounded by her children, is seated on an identical armchair. Our example bears on the rear rail the inscription “Fauteuil Lucien No.2,” implying at minimum that it was once paired with a No.1[11].
In Rome, Lucien first stayed with his uncle Cardinal Fesch at the Palazzo Lancellotti. Then with the proceeds of the Brienne sale, he then purchased the Palazzo Nuñez, where he displayed his collections. The catalogue compiled in 1808 by Guattani listed 130 paintings across fifteen rooms[12].
He also acquired the Villa Ruffinella at Frascati in 1804, and in 1808 purchased from the Apostolic Chamber 8,000 hectares of the fief of Canino. Though he maintained close ties with the Holy See, his position was weakened during the French occupation of Rome and the annexation of the Papal States in May 1809, followed by the deportation of Pius VII. Napoleon ordered Lucien either to divorce his wife or go into exile in the United States, threatening arrest.
Forced to embark from Civitavecchia in 1810, he was captured by the British off Sardinia and held in England until the fall of the Empire in spring 1814. Thanks to Pius VII’s intervention he was allowed to return to Rome, where he was created Prince of Canino by a papal bull in August 1814. Briefly rallying to his brother during the Hundred Days, he was arrested by the Austrians in 1815 and placed under house arrest in Rome. Financial difficulties forced him to scale down his lifestyle and retire to his estates at Viterbo, Canino, and Musignano. He sold part of his painting collection in London in 1815[13], ceded the Palazzo Nuñez to his brother Jérôme, and sold his Villa Ruffinella at Frascati in 1820. In 1824 Pope Leo XII granted him the Roman title of Prince of Musignano, and in 1837 Gregory XVI created him Prince Bonaparte. He died in Viterbo on June 29, 1840. The Princess of Canino survived him by fifteen years, dying in Sinigaglia in 1855 during a cholera epidemic.
Conclusion
The trajectory of this armchair mirrors the turbulent fate of Lucien Bonaparte, emblematic figure of the Consulate, and of his furnishings, between Paris and Rome. A centerpiece in the staging of emerging power, it bears witness to the rise and fall of the Emperor’s brother. The forceful style of this seat—combining consular rigor with the fantasy of winged chimeras—embodies the art of ceremonial decoration at the dawn of the Empire. It also reflects the family fractures and thwarted ambitions that marked Lucien Bonaparte’s path. Moving from Parisian salons to Roman palaces, this armchair stands as a witness to the destiny of one of the most dramatic figures of the imperial family.
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notes
[1] Two large sofas of six feet, four small sofas, eight large armchairs, and twelve chairs are mentioned in the central salon in 1814 in a restoration estimate, at the moment when the Ministry of War took possession of the premises. (Samoyault, cat. exp. Ajaccio, 2010, p. 85 note 16). This furniture remains on site today in unchanged number.
[2] A letter from the German composer Friedrich Reichardt, dated April 1, 1803, recounting his visit to the Hôtel de Brienne, attests that the structural and decorative works commissioned by Lucien Bonaparte were completed, for the extravagant sum of one million livres. Reichardt, ed. 2003, pp. 489–490.
[3] An armchair preserved at the Mobilier National, reproduced in Denise Ledoux Lebard, Le Mobilier français du XIXe siècle, p. 315. See also Daguerre, Drouot Richelieu, January 29, 2020, lot 189. Mobilier National, GME-1674-000, reproduced in Samoyault (Jean-Pierre), Mobilier français Consulat et Empire, Paris, 2009, p. 50.
[4] Mobilier National, GME-1674-000, reproduced in Samoyault (Jean-Pierre), Mobilier français Consulat et Empire, Paris, 2009, p. 50.
[5] The First Consul had hoped for his brother Lucien a union with the Infanta of Spain, Maria Luisa of Bourbon (1782–1824), daughter of King Charles IV and Maria Luisa of Bourbon-Parma, widow since May 1803 of Louis I, first sovereign of the short-lived Kingdom of Etruria (1801–1807), whose capital was Florence.
[6] Letter from the First Consul to Pope Pius VII, March 13, 1804: “Most Holy Father, Senator Lucien Bonaparte, my brother, wishes to stay in Rome to devote himself to the study of antiquities and of history. I beg Your Holiness to receive him with that kindness which is so characteristic of you, and to believe in my desire to please you.” In Napoléon Bonaparte. Correspondance générale, vol. IV, 2007, no. 8733.
[7] 2 décembre 1804
[8] Letter from Cardinal Fesch to the First Consul, November 20, 1804: “[…] my sister left Rome on November 14 to go to Paris, where she will occupy Lucien’s hôtel.” Lung, Lucien Bonaparte et ses Mémoires, Paris, 1882–1883, vol. III, p. 7, note 2.
[9] Letter from Cardinal Fesch to the First Consul, May 6, 1804, announcing Lucien’s arrival in Rome, while his wife and children were in Bassano, in a property he had rented for the summer. Du Casse (A.), Histoire des négociations diplomatiques relatives aux traités de Mortfontaine, de Lunéville et d’Amiens, 1855, vol. I, pp. 35–36.
[10] Fogg Art Museum, Harvard, inv. 1943.837
[11] Another armchair of this model is identified, sold in 2012, surviving in rather poor condition and having undergone some modifications (notably the addition of casters under the legs). Sotheby’s Paris, April 20, 2012, PF1201, lot no. 177.
[12] Guisepe Antonio Guattani (1748-1830), Galleria del senatore Luciano Bonaparte, Roma 1808
[13] Splendid collection of pictures belonging to Prince Lucien Buonaparte, exhibited for sale at the New Gallery in Pall Mall … London February 6, 1815 and following days. 198 lot numbers.