Paire de lampes Carcel en tole à decor de cachemires
Epoque Empire, Paris vers 1810
Rare paire de lampes Carcel d'époque Empire en tôle laquée à décor de botehs rouges sur des fonds blancs et or.
En forme de colonnes soulignées de bases et de chapiteaux dorés et surmontées de globes en verre semés d'étoiles.
Travail attribuable à la manufacture de métaux et laque de la rue Martel
Paris vers 1810
Hauteur : 78 cm
Le décor de cette paire de lampes s'inspire des motifs des précieux châles du Cachemire, en laine ornés de palmes nommées botehs, que l'on orthographie à l'époque Shall, et qui s'échangent à prix d'or à Paris et à Londres dans la première décennie du XIXe siècle.
Ces shalls furent introduits à Paris par les officiers français au retour de la campagne d’Égypte, où ils servaient de turban ou de ceinture. Dans ses souvenirs Constant, le valet de chambre de Napoléon, raconte que l'arrivée de l'ambassadeur ottoman Ali Efendi Morah Seyyid aux Tuileries en juin 1802 fit sensation, "parce qu'il apportait une grande quantité de cachemires au Premier Consul, qu'on était surs qu'ils seraient distribués et que chaque femme se flatterait d'être favorablement traitée."
Les châles longs de la province du Cachemire en Inde sont alors les plus prisés. Mesurant plus de trois mètres sur un mètre trente, ils sont tissés avec du duvet de chèvre du Tibet, qui leur donne une douceur incomparable. Le tissage du décor d'un seul châle nécessite le travail de deux ou trois hommes pendant plus de dix-huit mois, ce qui explique le cout très élevé de ces pièces de tissus, devenues l’accessoire d'une clientèle très privilégiée. L'Impératrice Joséphine les collectionna avec avidité et en posséda de si nombreux exemplaires, qu'on en dressa un inventaire par couleurs.
Le portrait de l'impératrice en robe et manteau de cachemire peint par Antoine Jean Gros en 1809, aujourd'hui conservé au musée Masséna de Nice, illustre l'engouement pour ces long shalls en laine blanche ornés de botehs rouges, dont les motifs se retrouve dans le décor de notre paire de lampes. Quoiqu'elle puisse nous paraitre relativement simple, cette robe portée par l'impératrice est un luxe ultime, qui est l'apanage d'une petite élite très fortunée.
L’engouement pour ces accessoires venus d'Orient, se traduit à la même époque dans les arts décoratifs. Le boudoir turc de l’Hôtel de Beauharnais à Paris, fait écho au boudoir Turc de Fontainebleau, créé à la fin du XVIIIe siècle pour la reine Marie Antoinette et investi sous l'Empire par l'impératrice Joséphine. Le rêve d'Orient, inspire encore au début du XIXe siècle des décors exotiques.
Ces lampes sont un témoignage de cette fascination pour ces précieux châles, et ce motif exotique est particulièrement rare dans cette production d'objets en tôle peinte du début du XIXe siècle
A rare pair of Empire Carcel Lamps, in painted tôle decorated with red botehs on white and gold. In the form of columns highlighted with gilded bases and capitals and surmounted by glass globes adorned with stars.
Probably supplied by the Manufacture des métaux et laque, established rue Martel in Paris in 1807.
Paris by 1810
30,71 in. high
Fitted for electricity
The decoration of this pair of lamps is inspired by the motifs of the precious Kashmir shawls, decorated with palm leaves called botehs, which were sold at incredibly high prices in Paris and in London in the first decade of the 19th century.
These shawls were introduced in Paris by French officers on their return from the Egyptian campaign, where they were used as turbans or belts. In his memoirs Constant, Napoleon's valet, recounts that the arrival of the Ottoman ambassador Ali Efendi Morah Seyyid at the Tuileries in June 1802 caused a sensation, “because he brought a large quantity of cashmere to the First Consul, which 'we were sure that they would be distributed and that each woman would flatter herself with being favorably treated.”
The long shawls from the province of Kashmir in India are then the most popular. Measuring more than three meters by one and a half meters, they are woven with Tibetan goat down, which gives them an incomparable softness. The weaving of a single shawl requires the work of two or three men for more than eighteen months, which explains the very high cost of these pieces of fabric, which have become the accessory of a very privileged clientele. The Empress Josephine collected them with such avidity and owned so many copies that an inventory was drawn up by color.
A portrait of Empress Joséphine in a cashmere gown and a cashmere coat painted by Antoine Jean Gros in 1809, today housed at the Masséna Museum in Nice, illustrates the craze for these long shalls in white wool adorned with red botehs, the patterns of which is the decor of our pair of lamps. Although it may seem relatively simple to us, this dress worn by the Empress is an ultimate luxury, which is the prerogative of a small, very wealthy elite.
The craze for these accessories from the Orient, the most expensive and the most sought after, is reflected at the same time in the decorative arts. The Turkish boudoir of the Hôtel de Beauharnais in Paris echoes the Turkish boudoir of Fontainebleau, created at the end of the 18th century for Queen Marie Antoinette and invested under the Empire by Empress Joséphine. The dream of the Orient still inspired exotic decorations at the beginning of the 19th century.
These lamps witness the fascination for these precious shawls, and this exotic motif is particularly rare in this production of painted tole objects from the beginning of the 19th century.