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LIEUTAUD – DUPLESSIS – FONCK

Cartel à petite sonnerie d'époque Louis XV

etiquette philippe guegan vase.jpg

Lieutaud – Duplessis – Fonck

Cartel à petite sonnerie d’époque louis XV

Paris et Berne vers 1760

Marqueterie Boulle d’écaille de tortue et de laiton, bronze ciselé et doré, bâti en chêne

Mouvement à petite sonnerie, sonnant les quarts et les heures sur trois timbres argentés

La caisse estampillée B.LIEUTAUD, Balthasar Lieutaud (1720-1780), ébéniste reçu maître à Paris en 1749

Les bronzes attribués à Jean-Claude Duplessis (1699-1774), sculpteur, bronzier nommé orfèvre du roi en 1758

Le mouvement signé Fonck à Berne pour Daniel Beat Ludwig Funk (1727-1787), horloger actif à Berne actif au milieu du XVIIIe siècle


Hauteur : 124 cm, Largeur : 46 cm, Profondeur : 23 cm


Ce très élégant cartel en marqueterie Boulle d’époque Louis XV est estampillé trois fois B.LIEUTAUD. La caisse de forme sinueuse, ainsi que la console et la partie somitale sont estampillées et sont couvertes d’un décor de marqueterie d’écaille de tortue et de laiton gravé, dessinant des rinceaux de fleurs et de quartefeuilles, inspirés des Indiennes fleuries, ces précieux textiles d’importation dont la mode se répand en Europe au milieu du XVIIIe siècle. Ce décor est rehaussé d’une très riche garniture de bronze doré, aux formes rocailles pleines et déliées, composée de volutes d’acanthe, de crosses, de cartouches asymétriques et à l’amortissement d’un vase néoclassique orné de festons de lauriers. Le mouvement à petite sonnerie, signé Fonck à Berne sur la platine arrière, sonne les heures, les quarts et les demis, sur trois timbres différents ; échappement à verge et suspension à fil. Le cadran émaillé en blanc, indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranche de cinq en chiffres arabes dans sa bordure extérieure. Mouvement de huit jours à trois carrés de remontage sur trois barillets.

Sans accidents ni manques, en parfait état de fonctionnement et bien complet de ses pièces d'origines.


Fils et petit-fils d’ébéniste, Baltazar Lieutaud fut actif du règne de Louis XV au début du règne de Louis XVI. Reçu maître en 1749, il installe son atelier en 1750 rue de la Pelleterie, sur l’ile de la Cité, dans le quartier des horlogers et se spécialise dans la réalisation de caisses de baromètres de cartels et de régulateurs d’une très grande qualité. Pour les garnitures de bronzes dorés qu'il emploie, Balthasar Lieutaud s’adjoint, tout au long de sa carrière, les services des meilleurs bronziers fondeurs et ciseleurs parisiens, ainsi que l’exclusivité dans l’utilisation de certains modèles. Jean-Claude Duplessis (1699-1774) sous le règne de Louis XV, réalise le dessin des bronzes qui donnent aux cartels et aux régulateurs de Lieutaud leur silhouette distinctive. Lieutaud collaborera également pour ses modèles néoclassiques avec Caffieri Jeune (1714-1774), auteur des bronzes du régulateur au char d’Appolon de la Frick Collection, ou Charles Grimpelle qui réalise les bronzes de sa pendule à l’étude, dont un exemplaire est conservé au Metmuseum. En 1772 il s’installe rue d’Enfer toujours sur l’Ile de la Cité, où il meurt en 1780. Sa veuve poursuit l’activité, jusqu’à la fermeture de l’atelier en 1784. Quatre dessins de cartel présentant un décor de bronzes similaires au notre, furent déposés par Balthasar Lieutaud, dans le " Livre de dessins de pendules" des fondeurs, ciseleurs de Paris. Ce manuscrit qui est aujourd’hui conservé à Paris à la Bibliothèque de l’INHA, dans le fond Doucet, contient un dessin préparatoire assez identique à notre cartel sous le folio 1, décrit ainsi : « N°1 Cabinet en fonte et ébénisterie, Lieutaud, 121 livres ».


La garniture de ce cartel est caractéristique des bronzes employés par Balthasar Lieutaud au début des années 1760, et se retrouve à l’identique, sur tout un corpus de cartels signés de ce maître ébéniste. Leur répertoire décoratif est caractéristique du rocaille classicisant qui s’impose dans les arts décoratifs parisiens dans les années 1750, sous l’impulsion de l’architecte Pierre Contant d’Ivry (1698-1777), comme en témoignent ses réalisations en 1753 pour le duc d’Orléans au Palais Royal, publiés dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert en 1762 (Le salon du Palais Royal, d’après les dessins de Contant d’Ivry, planche XXIX et Table console du Salon du Palais Royal, d’après les dessins de Contant d’Ivry, planche XXXVI). Ces formes pleines, déliées et symétrisantes, sont surtout caractéristiques de l’esthétique développée par Jean Claude Duplessis (1699-1774), qui créa de remarquables bronzes d'ameublement, et qui fut l'auteur des garnitures de bronzes de certains des régulateurs et cartels de Lieutaud. Jean-Claude Duplessis, artiste d’origine piémontaise né Giovani Claudio Chambellano dit Duplessis, à Turin en 1699, fut tout d’abord orfèvre au service du duc de Savoie Vittorio Amadeo II (1666-1732), puis arriva à Paris en 1718, à la suite du gendre de celui-ci, le prince de Carignan Vittorio Amadeo Ier (1690-1741). À la mort du prince en 1730 il obtient grâce à la protection du comte d’Argenson (1696-1764) un atelier au Louvre et réalise des bronzes d’ameublement remarquables, comme le brasero du Musée de Topkapi, offert en 1741 par Louis XV à l’ambassadeur ottoman Mehmet Saïd Pacha, vers 1750 les bronzes de la pendule à orgue du concert des singes du musée du Petit Palais à Paris, ou à partir de 1760 la garniture de bronzes du bureau du roi par Œben et Riesener conservé au château de Versailles. De 1748 jusqu’à sa mort il fut également attaché à la manufacture de porcelaine de Vincennes, puis de Sèvres, dont il dessine la plupart des formes comme modeleur. Son nom est cité à plusieurs reprises dans le livre journal du marchand mercier Lazare Duvaux (1703-1758), notamment pour des montures de vases en céladon qu’il réalise pour le marquis d’Argenson. Artiste de premier plan - il est nommé orfèvre du roi en 1758 – Duplessis, né turinois, va imprimer de façon profonde les arts décoratifs français. De la rocaille échevelée des années 1740 il évolue vers des formes plus pleines et symétrisées, qui font le lien avec le néoclassicisme, et qui donnent aux cartels et aux régulateurs de Lieutaud leur silhouette inimitable.


Daniel Beat Ludwig Funk (1726-1787) fut le fils et l’associé, à partir 1753, de Matthaus Funk, ébéniste, menuisier et marchand mercier suisse, fondateur de l’atelier Fonck à Berne, qui commercialisa pendant tous le XVIIIe siècle, meubles, miroirs et pendules. Né d'un père ébéniste, Daniel Fonck se spécialisa dans la réalisation de mouvements d’horlogerie. Il y a au XVIIIe siècle, dans le jura bernois, une tradition horlogère très importante, qui permet à Daniel Funk de mettre rapidement sur pied un atelier spécialisé. Fonck à Berne réalisait les mouvements de ses pendules et de ses cartels et l’atelier réalisait également la plupart des boitiers, tandis que des caisses de plus grande qualité étaient parfois importées de Paris, à l’image de la caisse très luxueuse de notre cartel livrée par Balthazar Lieutaud.

A late Louis XV Boulle inlaid petite sonnerie strinking bracket clock, by Fonck à Berne, Lieutaud and Duplessis

The case stamped B.LIEUTAUD, Balthasar Lieutaud (1720-1780), Parisian cabinetmaker master in 1749.

The bronzes attributed to Jean-Claude Duplessis (1699-1774), sculptor and bronzemaker appointed goldsmith to the king in 1758.

The movement signed "Fonck a Berne" for Daniel Beat Ludwig Funk (1727-1787), clockmaker active in Bern in the mid-18th century.

Paris and Berne circa 1760.


This elegant  late Louis XV period Boulle marquetry cartel is stamped three times by B.LIEUTAUD. The sinuous case, the console and the top part are stamped and covered with tortoiseshell and engraved brass marquetry, depicting scrolls of flowers and quatrefoils, inspired by Indiennes, the precious imported textiles that became fashionable across Europe in the mid-18th century. The decoration is enhanced by rich ormolu mounts, in full and loose rocaille forms, composed of acanthus scrolls, crosses, asymmetrical cartouches and a neoclassical vase adorned with laurel festoons. The three train movement with verge escapement and silk suspension, petite sonnerie striking on three bells (the hours on a bell and the quarters two smaller bells). The backplate signed Fonck à Berne.


Height: 48,81 in. (124 cm), Width: 18,11 in. (46 cm), Depth: 9 in. (23 cm)


Balthazar Lieutaud  was a master cabinetmaker from a long family  tradition and was active from the reign of Louis XV to the beginning of the reign of Louis XVI. Receiving his master's diploma in 1749, he set up his workshop in 1750 on rue de la Pelleterie, on the Ile de la Cité, in the watchmakers' district, and specialized in the production of high-quality and luxuriously decorated cases for barometers, cartels and regulators, for which he entrusts the making of the gilded bronze  decorations to the most skilled finest Parisian bronze smelters and chiselers  of the time, as well as the exclusive use of certain models. During the reign of Louis XV, Jean-Claude Duplessis (1699-1774) designed the bronzes that give Lieutaud's cartels and regulators their distinctive silhouette. Lieutaud also collaborated on his neoclassical models with Caffieri Jeune (1714-1774), author of the bronzes for the regulator with Appolon's chariot in the Frick Collection, and Charles Grimpelle, who created the bronzes for his pendule à l'étude, a copy of which is in the Metmuseum. In 1772, he moved to rue d'Enfer, still on the Ile de la Cité, where he died in 1780. His widow continued the business until the workshop closed in 1784. Balthasar Lieutaud deposited four cartel drawings featuring bronze decor similar to our own, in the "Livre de dessins de pendules" des fondeurs, ciseleurs de Paris. This manuscript, now in the Doucet collection at the INHA Library in Paris, contains a preparatory drawing quite identical to our cartel, under folio 1, described as follows: "N°1 Cabinet en fonte et ébénisterie, Lieutaud, 121 livres".


The bronze mounts of this braket clock are typical of the bronzes used by Balthasar Lieutaud in the early 1760s, and are repeated identically on a whole corpus of cartels signed by this cabinetmaker. Their decorative repertoire is characteristic of the classicizing rocaille style that took hold in Parisian decorative arts in the 1750s, under the impetus of architect Pierre Contant d'Ivry (1698-1777), as illustrated by his 1753 designs for the Duc d'Orléans at the Palais Royal, published in Diderot and d'Alembert's Encyclopédie in 1762 (Le salon du Palais Royal, based on drawings by Contant d'Ivry, plate XXIX and Table console du Salon du Palais Royal, based on drawings by Contant d'Ivry, plate XXXVI). These full, loose and symmetrical forms are especially characteristic of the aesthetics developed by Jean Claude Duplessis (1699-1774), who created some remarquable gilt-bronzes, and was responsible for the bronze mounts on some of Lieutaud's regulators and cartels. Jean-Claude Duplessis, an artist of Piedmontese origin born Giovani Claudio Chambellano, known as Duplessis, in Turin in 1699, first worked as a silversmith for the Duke of Savoy Vittorio Amadeo II (1666-1732), then arrived in Paris in 1718, following in the footsteps of his son-in-law, the Prince of Carignan Vittorio Amadeo I (1690-1741). On the prince's death in 1730, thanks to the protection of the comte d'Argenson (1696-1764), he obtained a workshop in the Louvre and produced some remarkable furnishing bronzes, such as the brazier in the Topkapi Museum, presented in 1741 by Louis XV to the Ottoman ambassador Mehmet Saïd Pacha, around 1750, the bronzes for the Concert des Singes organ clock in the Musée du Petit Palais in Paris, and from 1760 he received the commission of the bronze mounts for Louis XV desk by Œben and Riesener ( Château de Versailles). From 1748 until his death, he was also attached to the porcelain manufactory of Vincennes, then Sèvres, where he designed most of the shapes as a modeler. His name appears several times in the diary of merchant Lazare Duvaux (1703-1758), notably for celadon vase mounts he made for the Marquis d'Argenson. A leading artist - he was appointed goldsmith to the king in 1758 - Duplessis, born in Turin, was to make a profound impression on the French decorative arts. From the disheveled rocaille of the 1740s, he evolved towards fuller, more symmetrical forms, linking with neoclassicism, and giving Lieutaud's cartels and regulators their inimitable silhouette.


Daniel Beat Ludwig Funk (1726-1787) was the son and partner, from 1753, of Matthaus Funk, the Swiss cabinetmaker and joiner who founded the Fonck workshop in Bern, which marketed furniture, mirrors and clocks throughout the 18th century. The son of a cabinetmaker, Daniel Fonck specialized in the production of clock movements. In the 18th century, the Bernese Jura region had a strong watchmaking tradition, which enabled Daniel Funk to quickly set up a specialized workshop. Fonck in Bern produced the movements for his clocks and cartels, and the workshop also made most of the cases, while higher-quality cases were sometimes imported from Paris, like our very luxurious cartel clock case supplied by Balthazar Lieutaud.

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